8 avril 2012

Présentation

Elèves de 1èreES au lycée Montchapet, dans le cadre des travaux pratiques encadrés, nous devions mêler l'Histoire-Géographie aux Sciences Economiques et Sociales, notre choix c'est ainsi porté sur le Totalitarisme et la privation de libertés.

Camp de concentration Natzwiller Struthof (photo personnelle)


Pourquoi avons-nous choisis ce sujet ?
****
Pour mieux cerner le sujet, nous avons choisi de nous interroger sur la Seconde Guerre mondiale placée sous le régime totalitaire imposé par Hitler. Pour cela, nous avons pris pour exemple les camps de concentration. En effet, malgré les restrictions dues à ce régime, il était possible de trouver des libertés à l'intérieur de ces camps. De plus, ce sujet nous a permis de voir en quoi les camps de concentration développaient l'économie de l'Allemagne nazie.
Le large choix de documents (films, témoignages, livres, archives) nous a poussé à produire un travail sur cette période historique que nous étudions depuis la 3ième qui nous a permis de rencontrer un ancien déporté-résistant mais aussi de visiter le camps Natzweiler-Struthof. De plus, le devoir de mémoire nous a toute convaincue et confortée dans ce choix. Malgré notre jeune âge, et qu'il soit difficile voir impossible pour nous d'imaginer ce qu'ont vécu les déportés, nous tenions a témoigner afin de montrer notre intérêt et d'accorder notre attention aux survivants de ces camps et rendre hommage aux disparus.

Index

Camp de concentration: Il sagit d'une installation de détention où sont enfermés des gens considérés comme gênants pour le pouvoir. La plupart des camps de concentrations sont desc camps de travail forcé. La mortalité y est très forte en raison des mauvaises conditions de vie, de travail, d'alimentation.

Déshumaniser: Faire perdre le caractère humain.

Dessein: Projet, objectif

Division du travail: C'est, dans l'entreprise, la décomposition de la production en de nombreuses opérations ou tâches élémentaires, limitées et complémentaires.

Identité: L'identité de l'individu est, en psychologie sociale, la reconnaissance de ce qu'il est, par lui-même ou par les autres.

Normes: Règles de conduite et usages prescrit par la société caractérisant les pratiques d'une collectivité ou d'un groupe particulier.
***
Propagande: la propagande désigne un ensemble d'actions psychologiques influençant la perception publique des événements, des personnes ou des enjeux, de façon à endoctriner ou embrigader une population et la faire agir et penser d'une manière voulue.
jjj
S.S: Schutzstaffeln der NSDAP (Section de Protection du NSDAP). On désigne parfois la SS par l'expression "das schwarze Korps" (le corps noir ou l'ordre noir) en raison de la couleur de l'uniforme. A l'origine, il s'agissait des gardes du corps d'Hitler.

Reich allemand: Le Troisième Reich est un terme désignant l'État allemand nazi dirigé par Adolf Hitler de 1933 à 1945.
***
Réprimande: Blâme adressé avec sévérité à une personne sur laquelle on a autorité pour qu'elle se corrige.
****
Valeurs: Des choses ou des manières d'être, considérées comme estimable et désirable, des idéaux plus ou moins formalisés orientant les actions et le comportement d'une société ou d'un groupe social.

Introduction

Le nazisme est la contraction de «national-socialisme», qui est une idéologie totalitaire créée en 1919 après la Première Guerre mondiale, par Adolf Hitler, homme politique allemand d'origine Autrichienne, instaurateur de la dictature totalitaire désignée sous le nom du III Reich (1933-1945). Son but est d’étendre la domination du peuple Germanique afin de permettre à son peuple un meilleur développement, ce qui implique des destructions, des pillages, des crimes de masses. Le nazisme est en réalité une politique d’extrême droite prônant l’antisémitisme et le racisme en affirmant la supériorité de la «race aryenne». A partir de mars 1933 cette doctrine est imposée à l’ensemble de l’Allemagne. Lors de la Seconde Guerre mondiale, un conflit armé à l'échelle planétaire qui durera de septembre 1939 à 1945, provoqué par le règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale et par les ambitions des trois principales nations de l'axe (Allemagne nazie, Italie fasciste et l'Empire de Japon) Après sa nomination, au poste de chancelier en janvier 1933, les premiers camps de concentration sont créés en Allemagne. Ces camps sont mis à pied en Février 1933 afin d’arrêter les opposants politiques. Progressivement, les Nazis abandonnent les premiers camps et les remplacent par des camps de concentration organisés sous la juridiction unique de la SS, la garde d’élite de l'État nazi. La question que nous nous sommes posée est de comprendre en quoi les camps de concentration développaient l'économie de l'Allemagne nazie et de voir s'il était possible de trouver des libertés à l'intérieur des camps. Tout d'abord, nous parlerons du système concentrationnaire, son intérêt et son fonctionnement. Ensuite, l'importance des camps dans l'économie nazie. Puis, nous nous intéresserons aux formes de résistance et aux espaces de liberté à l'intérieur des camps.



I- Un système concentrationnaire destiné a briser toutes libertés

Les camps nazis de concentration sont l'une des premières institutions mises en place par le régime. Après l'arrivée d'Hitler à la chancellerie, le 30 Janvier 1933, commence "la mise au pas". La terreur développée auparavant par des groupes paramilitaires nazis (SA et SS) devient légal et est associée à la police. Pour le régime nazi, la déportation n'avait pas pour unique but de transporter des populations d'un pays dans un autre. C'était surtout un moyen d'avoir continuellement "sous la main", enfermés dans des camps, toute une population (hommes, femmes, et même enfants) sous surveillance afin de les faire travailler et parfois même de les exterminer.

Carte des camps de concentration et d’extermination et des centres "d'euthanasie'

1- A l'origine du système concentrationnaire
Dès l'arrivée au pouvoir d'Hitler, en 1933, naissent, en Allemagne, en même temps que le régime nazi, les camps de concentration. Ils représentent une institution essentielle. Parmi les millions d'êtres humains déportés, figure principalement des Allemands, opposants politique. En 1934, Hitler et Gœring créer Dachau dont le but est d'éliminer les éléments hostiles au nouveau régime. Juifs, catholiques et protestants, Allemands communistes, sociaux-démocrates inaugurent le régime concentrationnaire.
C'est en 1939, date de l'occupation Allemande de la Pologne que le système des camps s'étend à toute l'Europe, les camps de concentration se multiplient et se forgent une réputation sinistre à l'échelle mondiale: Auschwitz, Lublin, Maidanek, Riga, Stutthof, Natzwiller, Bergen-Belsen. Y sont enfermés des ressortissants de vingt nations, hommes, femmes et enfants. Les conditions de survie se dégradent: les déportés sont de la main d'œuvre d'esclaves qu'il ne s'agit pas de maintenir en vie. La Seconde Guerre mondiale est ainsi déclenchée.

2- But de la concentration
Le principal but du système concentrationnaire est destiné à "rééduquer" les opposants au nouveau régime. Isoler, diffamer, humilier, briser et anéantir tels sont les moyens employés par le régime de terreur.
La déshumanisation faisait aussi partie des objectifs des camps concentrationnaires. En effet, dès le début et jusqu'à la fin de l'existence des camps de concentration, tout est prévu et tout est fait pour anéantir la personnalité des prisonniers, et les mouvements de résistances, afin d'écraser toute opposition politique et syndicale, pour purger la population des personnes considérées comme inutiles ou nuisibles, pour exploiter beaucoup de travailleurs forcés, pour briser leurs volontés, pour les abaisser et en un mot pour les déshumaniser.

MAUTHAUSEN à la libération du camp

Les personnes incarcérées dans les camps le sont souvent pour des raisons politiques, raciaux, religieux d'une façon plus générale en raison d'une discrimination ou d'un soupçon à leur encontre. Tous sont séparés de leurs proches, gardés dans des conditions très précaires et difficiles, souffrant de malnutrition aiguë, forcés à travailler et maltraités par les gardiens. La mortalité est variable selon le statut des camps (extrêmement forte dans les camps d'extermination, sensiblement moindre dans les camps de travail.)

3- Vie et mort dans les camps de concentration
Les déportés étaient entassés à 100 ou 120 dans des wagons à bestiaux du modèle "hommes 40". Les trains étaient étroitement gardés afin d'empêcher tout risque d'évasion et commence alors un rude voyage qui durera plusieurs jours : sans manger, sans boire... Les conditions sont extrêmement difficiles pour les déportés, ils voyagent à travers l’Europe debout ou couché dans les ordures et peuvent rester au soleil pendant des heures. Arrivé a destination, beaucoup d'entre eux sont déjà mort et déstabilisé.
Un camp comprend un ensemble de baraques aussi appelé "blocks". Leur taille varie et peuvent contenir jusqu’à 40 000 détenus. Des rassemblements, des punitions, et des exécutions publiques ont lieux sur la place d'appel du camp. Les SS mettent en place des réseaux de barbelés électrifié qui forme ainsi une barrière infranchissable. De plus afin de surveiller le mieux possible les prisonniers, de les empêcher de s'enfuir, et de renforcer la sécurité du camp, des soldats surveillent depuis des miradors. Ils comprennent plusieurs bâtiments, comme par exemple, la prison, ou encore la chambre à gaz ou le four crématoire.
A l'arrivée des nombreux déportés ils sont tous enregistrés, immatriculés et parfois tatoué comme a Auschwitz , douché, rasé, habillé avec un vêtement au rayures bleues (voir annexe), et envoyés au block de quarantaine pour les initier à la vie du camp. L'univers concentrationnaire, avec des classes d'individus de toutes races, de toutes nationalités, de toutes catégories sociales, tous les groupes de détenus sont obligés de porter des signes extérieurs de reconnaissance cousus à leur vêtements, à savoir un numéro et un triangle de couleur (sur le côté gauche de la poitrine et sur le jambe droite) Par exemple le triangle de couleur rouge est destiné aux opposants politiques, pour les récidivistes une raie rouge passe sur l'angle supérieur du triangle, il y a aussi la couleur verte pour les criminels, ainsi que le rose pour les homosexuels etc. Il y a aussi une lettre indiquant leur nationalité.
Dans les camps de concentration, le temps était utilisé pour tuer. Les journées commencent très tôt, les déportés sont brutalement réveillés, leurs sommeils sont souvent courts et impossible car ils dorment à deux ou trois dans des châlits étroits. Pour commencer leur journée, le réveil à lieu à 4 heures du matin en été, et 6 heures en hiver.
Aussitôt levés, les déportés passent aux lavabos ; torse nu ils doivent se laver à l'eau glacée. Ils s'habillent et reçoivent un demi-litre de tisane ou d'un semblant de café, puis se rendent, en rang par cinq, sur les plates-formes où se fait le premier appel de la journée.
Les SS comptent les déportés de chaque baraque et les morts de la nuit qu'ils doivent sortir avec eux pour le premier appel. Les appels se prolongent parfois pendant des heures ; les déportés debout, par rang de taille, immobiles, en hiver dans la neige, en été sous la pluie et les orages ou le soleil brûlant. L'appel terminé, les déportés doivent se rendre aux plates-formes 1 et 2 pour la formation des commandos de travail, puis ils sont emmenés vers les différents lieux de travail forcé à 6h30. Par exemple, dans le camp d’Auschwitz-monolithe, situé en Pologne, des dizaines de milliers de prisonniers juifs sont employés au travail forcé dans l'usine de caoutchouc synthétique de Buna, propriété du conglomérat de la chimie I.G. Farben. Ils ont une pause de 12h30 à 13h avant de reprendre le travail jusqu'à 19 heures où se déroulera aussi le contrôle des Kommandos.
Par temps de brouillard, propice à d'éventuelles évasions, les commandos de travail ne sortent pas. On sert rapidement une maigre ration de soupe aux déportés, et c'est à nouveau le rassemblement.
À 19h30 - 20h30 a lieu l'appel général quand tout se passait bien, dans les mêmes conditions que celui du matin, aux conditions encore plus désagréables. La distribution du repas du soir se fait dans les block-dortoirs vers 21 heures. La ration du déporté consiste en un demi-litre de café ou de tisane, avec environ 200 grammes de pain et quelques grammes de graisse synthétique. Seulement à 22 heures, ils ont la possibilité de s'endormir.

Le dortoir. Dessin réalisé au camp


Le travail dans les camps de concentration est dur, il est rendu encore plus dur par les conditions dans lequel il est effectué En effet, les journées sont interminables, quelque soit les conditions atmosphériques, les coups des kapos, la nourriture insuffisante. Très rapidement, les déportés deviennent de véritables squelettes. Il y a divers types de travail : le travail d'entretien des camps, le jardinage, le terrassement de carrière, de route, ou encore le travail en usine d'armements divers, de produits chimiques etc. Les conditions de travail fournissent d'appréciables revenus aux SS. Les femmes sont astreintes aux mêmes travaux que les hommes.

Photographie trouvée dans les archives SS


Chaque déporté mange en moyenne 500 grammes de pain par jour, 25 grammes de margarine, 1 litre de soupe, 40 grammes de saucisson ou 50 grammes de confiture ou de fromage blanc. Ces rations alimentaires diminuent avec l'évolution de la guerre et en résulte les formes de maladies de carence : amaigrissement jusqu'au squelette ou monstrueux œdèmes et toutes psychoses de la faim.
La faim, le froid, les coups, la terreur donnent aux maladies un caractère mortel. Les maladies concentrationnaires les plus caractéristiques sont la dysenterie et les maladies pulmonaires. De plus, le manque et l’absence de médicaments et de pansements expliquent la mortalité extrême dans les camps.







Déporté martyrisé et massacré par les SS

II- Les camps au coeur de l'économie nazie

Pendant la seconde guerre mondiale (1939-1945) qui à marquer les esprits de chacun, le rôle économique des camps de concentration prend une place importante dans l’histoire. En effet, l’économie prend en compte la récupération de chaque partie humaine ainsi que la destruction de ce qui est considéré comme inutile. Ainsi les cheveux, les dents, la peau... sont utilisés. Les premiers camps de concentration sont organisés immédiatement après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes en 1933, en Bavière à Dachau. Les socialistes, communistes et libéraux « jugés comme dangereux » car opposant du régime, sont les premiers à être envoyés dans les camps de concentration aux côtés des criminels, et tous ceux que le régime veut mettre à l'écart. Le système mis au point dans les camps de concentration a pour premier objectif une fonction répressive et le travail est imposé aux détenus à un but punitif, qui vise à leur «rééducation».


1. Les camps dans l’économie de guerre nazie
A partir de la guerre en 1939, la population concentrationnaire s'internationalise tout en gardant un système identique. Plus tard en 1942, la main d'œuvre manque à l'Allemagne alors que l'effort de guerre s'intensifie. Le service économique du Reich décide d'utiliser la main d'œuvre concentrationnaire à des fins plus rentables, voire nécessaire. Ainsi, les formes de travail répressif se poursuivent parallèlement jusqu'à la fin de l'existence des camps en 1945. Le besoin économique devient le centre de gravité du système concentrationnaire, le règlement mis au point précise que l'exploitation doit être épuisante, que la durée du travail est illimitée, qu'il est nécessaire de réduire un strict minimum les temps de non travail: appels, repas, marches... Les conditions de travail au sein des camps de concentration nazis sont à la fois uniformes et infiniment divers : «Quand on parle d’un camp, il ne suffit pas d’en donner le nom... il ne suffit pas de donner les dates : les détenus vivaient sur des planètes différentes selon le travail qu’ils devaient faire.» (Benedikt Kautsky, cité par Hermann Langbein dans Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1975.)
A mesure que le camp se développe, nous retrouvons l'idée de division du travail dans la masse de déportés afin d'obtenir un profit pour important dans un délai plus court. Les camps de concentration sont un lieu de productivité, source de profit. Ils deviennent des usines utilisant l’homme comme objet, matière première et esclave. La SS emploi la main d’œuvre pour construire les camps, pour l’administration ainsi que pour les industries SS spécialisées dans les produits de type primaire (bois, charbon, produits alimentaires, ciment) qui demande un investissement minimal. Pour les Nazis, le travail manuel forcé est un moyen pour punir, mais aussi et surtout pour «rééduquer». La réalité exige une organisation nouvelle nécessitant l’utilisation du travail des détenus pour les tâches quotidiennes. La force de travail des déportés est utilisée jusqu’à l’extrême limite des forces humaines. Dans une grande perversité, en mourant au travail, le déporté contribue à renforcer le Reich allemand en termes de récupération. Chaque victime est un plus pour l'économie allemande, en faisait leur «bonheur».

Le commandant du camp peut rendre le travail illimité, réduire les temps de repos et supprimer tout ce qui peut nuire au rendement. Mais le principe économique ne gère pas tout. Les SS tentent d’attirer les capitaux privés dès 1935 en utilisant la main d’œuvre , mais c’est la guerre qui va accélérer le processus. La SS dispose de ses propres entreprises, du secteur d'activité primaire qui nécessite peu d'investissement tel que les cimenteries, les carrières, la production de bois, voir de produits alimentaires. Avec un taux de mortalité très élevé pour la main d'œuvre, les qualifications nécessaires à des productions industrielles ne sont donc pas acquises. Résultant à un savoir faire très faible de la part de la main d'œuvre. A Sobibor, Himmler doit renoncer à son projet d’usine de démontage et de recyclage des munitions ennemis. Les SS ne réussirent jamais à constituer un empire industriel. D’ailleurs, c’est cet échec qui aboutit à se concentrer sur Auschwitz. Par exemple: Si l’on prend le cas de ce camp, toute la grande industrie allemande est présente. Krupp, Siemens, Union, Deutsche Ausrüsungswerke, IG Farbenindustrie utilisent la main d’œuvre concentrationnaire du camp. A Buna IG Farben industrie paye aux SS 6 marks par jour pour un ouvrier qualifié et 4 pour un ouvrier non qualifié. Mais la grande réussite reste l’installation de l’usine Buna IV d’IG-Farben à Auschwitz. L’idée était autant d’utiliser les détenus que d’industrialiser les espaces conquis à l'est. Il y a de l’eau, du charbon, de la chaux, des voies de communication et des détenus à mettre dans les mines et les usines. Auschwitz devient un complexe industriel qui intègre des cités ouvrières allemandes (les civils polonais ont été chassés), une usine et un camp fournissant les détenus. Dans tous les camps, les détenus étaient encadrés par des centaines d’ingénieurs, contremaitres et ouvriers allemands. Seule la productivité intéresse les industriels. Les conditions de vie, les crématoires, les chambres à gaz ne les concernent pas.


Circulaire sur la récupération de l'or dentaire

2. Industrialisation de la mort : des objectifs de rentabilité maximale
Dès l’hiver 1933, dans les premiers camps de concentration, le travail forcé, souvent inutile et humiliant, est imposé. En 1942, l’utilisation du travail forcé est systématique à l’intérieur et à l’extérieur des camps. De tout temps, un détenu est considéré comme propriété privée de la SS : tout objet qu'il possède lui est enlevé, ces forces physiques sont exploités au profit de la SS y compris la construction des camps de concentration, ces connaissances professionnels sont utilisées, à l'occasion, par les dirigeant SS des camps qui s'en attribue les fruits, sa santé est exploitée au cours des expériences pseudo-médicales au profit de l'armée allemande, des firmes pharmaceutiques ou de la SS directement.Par exemple, il existe une chambre spéciale dans laquelle on loge les survivants des chambre a gaz afin d'étudier sur eux les lésions produites par les essaient de nouveaux gaz.
Les expériences médicales sont également sources de profit pour les SS. Dans certains camps ont lieu des expériences "médicales". Les chirurgiens (ou les S.S) peuvent pratiquer la vivisection, les greffes d'organes, l'inoculation expérimentale de maladie comme la paludisme ou le typhus, qui permet de faire l'essai de nouveaux vaccins. Les usines de produits chimiques achètent des déportés pour étudier l'effet de leur gaz ou de leurs poisons. Les usines aéronautiques étudient les phénomènes de décompression. Des femmes sont stérilisées ou inséminées artificiellement. Les détenus deviennent alors des cobayes humains sur lesquels des expériences médicales sont réalisées. Elles le sont non seulement sur ordre des S.S mais aussi à la demande des armées (Wehrmarch, Luftwaffe, Krigsmarine). A Dachau, 200 détenus sont soumis aux expériences du docteur Rascher portant sur les effets de la haute altitude. Des expériences sur le froid et la malaria sont également menées. A Buchenwald, ce sont des expériences sur le typhus, au Struthof sur les gaz, à Ravensbück sur la gangrène. Des entreprises privées participent elles aussi à ces expériences. Par exemple, Bayer achète, pour 170 marks chacune, 150 femmes au commandant d'Auschwitz. Pas une n'a survécu.


Photos prisent par le médecin SS au cours des expériences sur le comportement à haute altitude

Dans certains camps, spécialement dans les camps réservés aux israélites les cadavres sont exploités avec système : les dents en or sont arrachés, expédiés à la Reichbank, les cheveux des femmes sont fournis à l'industrie, les cendres à l'agriculture. On emploie les cendres comme engrais. Le tout est vendu, loué par la SS contre argent. De plus, épuisé par le travail, anéanti pas les expériences médicales ou gazés, les déportés restent utiles au système concentrationnaire. Les vêtements, les lunettes, les chaussures, tous les objets personnels sont récupérés. Les cheveux permettent à des firmes de fonctionner. 60 tonnes de cheveux seront ainsi fournis par le seul camp d'Auschwitz. Pour fabriquer du savon, un institut s’intéresse à la graisse humaine. A la sortie des fours crématoires des os calcinés sont broyés et vendus comme engrais. Les alliances, les bijoux, l'or dentaire représentent aussi une source de profit considérable pour la SS. La récupération prenait également en compte la récupération des peaux tatouées afin de la transformer en abat-jour ou en reliures.


Récupération des lunettes dans les camps

A Auschwitz, des dizaines de milliers de Juifs sont employés dans l’usine de caoutchouc synthétique de Buna. De même dans le ghetto de Lodz, les nazis installèrent 96 usines et ateliers. Parfois, le travail forcé est devenu une chance de survie. En d’autres termes, certaines catégories de prisonniers sont condamnées à mort par épuisement.

Le coût économique de la main d’œuvre (d’après ISBM. 3-87490-529-2. Catalogue 1979. Comité internationale à Dachau. Extrait de documents trouvés au secrétariat SS à Dachau)


- location journalière pour le travail 6,00 reichmark Prix de revient
- nourriture quotidienne 0,60 0,60
- amortissement des vêtements 0,10 0,10
- amortissement des installations p.m
Reste 5,30 0,70
Durée probable de survie
9 mois soit 270 jours* à 5,30 RM. 1431,00
0,70 × 270 190 RM.

Récupération éventuelle des cadavres:

1. Dents en or
2. Vêtements à l’arrivée
3. Hardes
4. Argent à l’arrivée du camps
Déduire 2 RM. Pour frais de crémation 200,00 RM.

Bénéfice au terme de 9 mois 1631,00 -190,00
Non compris l’utilisation des os et des cendres 1440 RM.

*D'après ce document, on peut constater que la durée probable de survie s'élevait à 9 mois soit 270 jours.

3. Pour le détenu, le travail rime avec «mort lente»
Dans la majorité des camps situés à l'est de l’Europe, il n’y a aucune sélection à l’arrivée des trains. Mais à tous moments les prisonniers sont susceptibles d’être envoyés à une mort par gaz ou faire l’objet d’expériences. Dès leur première arrivé dans les camps de concentration, après une nuit blanche, les détenus sont mis au travail. Les survivants des premières sélection entrent dans une mort « programmée ». Le détenu est soumis à un travail exterminateur dans un vaste espace clos où le moindre sentiment de compassion est exclu. Ils travaillent au camps en attendant leur exécution. Face au dilemme de rendement et d’élimination, les nazis tranchent par une solution simple. L’extermination par le travail. Au deuxième trimestre 1942 sur 95.000 détenus, 57.603 périssent, soit 60% en trois mois. Même quand les juifs sont mis «au travail», les Allemands sous-utilisent leurs capacités de production. En effet, ils les ont arrachés à leurs milieux de travail habituels ainsi qu'à leurs équipements pour les envoyer dans des lieux non équipés, si bien que, très souvent, ils travaillent sur du matériel primitif ou en très mauvais état. De plus, les tâches sont consacrées sans considération des qualifications des juifs.



A Mauthausen, les infirmes

Le travail des juifs a une dimension de «punition», sans compter les nombreuses violences qu'ils subissent. Ils ne sont physiquement pas aptes à travailler à cause des traitements infligés par les allemands, sous une cadence inhumaine, et insupportable. Ils sont sous-alimentés et leurs conditions d'hygiène deviennent catastrophiques résultant à un état de santé médiocre pour les prisonniers juifs.
Le «travail» des Juifs est caractérisé par son issue mortelle. Lorsqu'ils ne meurent ni de faim, ni d'épuisement, non plus de maladies, ils sont tués par les Allemands avant que leurs états physiques de deviennent critiques. Les travailleurs juifs marchent vers leur mort. Les Allemands les exploitent pour en tirer une certaine production et différentes satisfactions psychologiques dérivées. Toutes infractions imaginaires ou réelles (contre l’ordre inhumain du camp) sont une occasion de tuer les Juifs. Même si cela ne fut absolument pas vrai tout le temps ni à tous les points de vue, le « travail » des Juifs est différent de celui des non juifs soumis eux aussi au travail forcé.



NORDHAUSEN


Nous observons ici que les détenus jouent un rôle majeur dans l'économie nazie. Leurs corps et leurs compétences sont exploités de leur vivant jusqu'à leur mort. Après leur mort, l’industrialisation des corps continue, avec la récupération de tous ce qui est utile pour être source de profit. Le camp augmente consciemment et inconsciemment la misère des déportés, les dirige vers l’anéantissement.

III- Malgré tout, des espaces de libertés


La seule liberté des déportés est la résistance. Ils résistent par divers moyens comme le sabotage, la propagande (distribution de tracts), les actes terroristes (attentats), presse clandestine, mais surtout par la volonté de survie. Ces actions sont le motif d'arrestation d'un grand nombre de personnes déterminés à la lutte contre le nazisme. Certains trouvent la mort, d'autre continuent à résister à l'intérieur des camps en procédant pour la plupart à du sabotage. Leur buts sont simples : protéger les plus faibles et saboter le travail effectué au profit du Reich allemand. « Survivre, notre ultime sabotage ! »

1. Survivre: premier acte de résistance
Le premier combat d'un prisonnier est de s'empêcher de mourir malgré le froid, la faim, la fatigue et le travail insupportable. Il faut être solide psychologiquement, car la découverte du camp provoque un traumatisme terrible. Selon certains déportés, il faut 6 mois pour s'adapter à ce nouvel univers. Pour les détenus, il est donc important de vouloir survivre pour raconter, pour témoigner; et pour cela, ils doivent continuer à vivre de manière civilisée. Sauvegarder en soi-même ce qui constitue l'humanité, les acquis de la civilisation face à la bestialité, à la sauvagerie auxquelles les SS voulaient réduire les détenus à la barbarie de leurs propres pratiques, relève de la résistance. Reproduire les gestes du quotidien comme se laver, et conserver normes et valeurs comme le respect d'autrui, leur permettaient de rester digne et de préserver leur identité. D'après Primo Levi: «Nous sommes des esclaves, certes, privés de tout droit, en butte à toutes les humiliations, voués à une mort presque certaine, mais il nous reste encore une ressource et nous devons la défendre avec acharnement parce que c’est la dernière : refuser notre consentement. » Enfin, un de leur devoir fondamental est de se tenir droit et de ne pas trainer les sabots « pour rester vivants, pour ne pas commencer à mourir.»

2.Survivre: par la solidarité
La Résistance dans les camps s’illustre tout d’abord par une forte solidarité entre les détenus. Des réseaux complexes et multinationaux s’organisent: cacher des détenus qui doivent être exécutés, partager les rations que l’on a réussi à voler aux SS avec les plus faibles, écouter clandestinement la radio, faire circuler des journaux clandestins, et faire évader des prisonniers comme le soulèvement du 2 Août 1943 à Treblinka, celui à Sobibor le 14 Octobre 1943, et celui du 7 Octobre 1944 à Birkenau. Ces actions collectives sont souvent prises à l'initiative de détenus organisés en groupes clandestins. La règle fondamentale est la confiance accordée à chacun. Considérer l'autre comme un frère, lui tendre la main, lui prodiguer des conseils pouvant augmenter les chances de survie, les paroles de réconforts, lui donner un peu de sa portion de soupe ou de pain, dérober de la nourriture à l'administration SS, étaient des gestes de solidarité mais surtout des actes de résistance. La solidarité était parfois la seule forme de résistance susceptible d'être exercée. De plus, le sentiment de fraternité entre les détenus a joué un rôle encore plus important que le concept de solidarité. «Cette fraternité nous a permis de nous regarder toujours dans les yeux pour vérifier que notre amitié était plus forte que la volonté d’avilissement du SS. Le sentiment humain qui nous soudait transcendait le ravage mental de la violence concentrationnaire nazie.» Extrait de Gavard, Jean, Une jeunesse confisquée. Ainsi, certains résistants ont ignoré jusqu'à leur libération que leur activités, qu'ils considéraient comme de simples actes de solidarité entre camarades, s'intégraient dans un projet plus important.


Journaux diffusés par la résistance

3. Saboter pour mieux résister
Par ailleurs, la résistance est beaucoup plus compliquée à mettre en œuvre dans le cadre du travail. En effet, il y a toujours le risque de se faire prendre par les Kapos et d'être immédiatement punis de mort s'ils sont découverts. Malgré ce danger, les détenus n'hésitent pas à freiner le rythme du travail: la passivité est le premier acte de résistance. Les détenus occupant un poste spécialiser peuvent effectuer des sabotages plus important comme humidifier la poudre des munitions, desserrer des vis, écrous, boulons, mettre en panne des machines, inverser des armes en bons état qui reviennent du stand d’essai par des armes trafiquées… De nombreuses machines s'arrêtent subitement de manière inexplicable et des pièces d'armements sont livrés avec des "malfaçons". Cette résistance a aussi lieu dans l'administration, en effet, les déportés occupés du travail administratif pouvait intervenir dans les adresses de commandes mais aussi dans les quantités. L'efficacité de la résistance dans le travail est très difficile a évaluer à cause de la discrétion des détenus mais aussi du fait que les Nazis camouflaient les preuves de leur inefficacité. Toutefois, les Alliés ont estimé qu'un tiers des 9300 fusées V2 fabriquées à Dora avaient atteint leur but, les autres avaient été saboté. La réprimande était très sévère mais compte-tenu de la sévérité quotidienne, les punitions étaient moindre et inefficace. Les coups de bâtons furent donc remplacés par la pendaison. Les actes de sabotages permettaient de survivre et de reprendre quelques forces car la production devait être arrêté durant quelques heures. Cela leur redonnait le moral et ils pouvaient donc participer à l'effort de guerre Allié. La résistance était donc vitale.

A gauche : Déporté électrocuté à Mauthausen
A droite : La potence


4. Des échanges organisés

Dans les camps de prisonniers de guerre, en Allemagne, pendant la Seconde Guerre mondiale, les prisonniers reçoivent de leurs familles et de la Croix-Rouge des colis contenant des vêtements, de la nourriture et des cigarettes. Les prisonniers s'organisent pour effectuer des échange et créer un marché. Au départ, les échange sont bilatéraux, c'est à dire par exemple un prisonnier échange du savon contre du chocolat. mais rapidement, une monnaie commune s'impose: les cigarettes. Elle permet d'exprimer le prix de tous les biens échangés en nombre de cigarettes. Les prisonniers qui souhaitent vendre et acheter circulent dans le camp en criant par exemple: "Fromage pour sept !" (cigarettes). Ce système est ensuite remplacé par une bourse d'échanges dans chaque baraquement. C'est à dire que chacun publiait son annonce sur un tableau et quand l'annonce était conclue, l'annonce était effacée. Avec le développement des échanges, les différences de prix d'un baraquement à un autre disparaissent donc le marché devient concurrentiel et efficace. De plus, dans certains camps, un magasin est créé pour centraliser les achats et les ventes.

Résister, c'était donc s'opposer aux desseins SS et participer dans la mesure du possible à la défaite de l'Allemagne et de ses Alliés. Ces hommes et ces femmes s'étaient engagés avant leur déportation, à lutter contre le Nazisme et à défendre leur patrie. Bien que la résistance semblait inconcevable, ils se sont lancés dans cette courageuse entreprise, et beaucoup d'entre eux en ont payé leur vie. Malgré la répression des camps, ces héros se sont battus pour défendre leur pays et pour sauver leur liberté et celle de tous les autres détenus.

Conclusion

Ainsi, les restrictions dues au régime de terreur imposé par Hitler dès 1933 jusqu'à 1945 entraînent la création de camps de concentration voués à briser toutes libertés et à déshumaniser les déportés. A l'intérieur de ce camps se forment des groupes de résistance afin de défendre leur patrie et de retrouver leur liberté. Malgré leurs infimes possibilités, ils se doivent d'aider les résistants externes au camp pour contribuer à la défaite de l'Allemagne et de ses Alliés. La résistance est donc leur seule liberté.
A mesure que les camps se multiplient, l'objectif de renforcer l'économie allemande se voit devenir une source de rentabilité maximale. Les camps deviennent des usines, les déportés deviennent des objets.
Le bilan humain de la Seconde Guerre mondiale est de 65 000 000 morts. Sur les 1 650 000 personnes internées dans les camps de concentration, 1 100 000 y ont trouvé la mort, soit 66,7 %. 42 000 personnes ont été déportées pour des faits de résistance ; parmi elles, 23 000 ont survécu. Tout prend fin le 8 Mai 1945, date de la capitulation de l’Allemagne.



Photo prise lors de la rencontre avec M. Marcel Suillerot
Les Flammes de la mémoire
30/11/2011

Chenôve, projection du second volet: Les Flammes de la mémoire,
en présence de déportés-résistants, et déportés juif.




Rencontre avec M. Marcel Suillerot
18/01/2012
M. Marcel Suillerot


Bracelet de M. Marcel Suillerot retrouvé
63 ans après la libèration du camps


Vêtement des déporté "pyjama rayé" Le "F" signifie: français et le triangle rouge signifie: résistant (opposé politique)

Lettre écrit en Allemand par M. Marcel Suillerot et son immatricule: 58337

Mémorial du Vel d'Hiv

Le 28 Janvier, lors d'une journée à Paris, nous sommes allées voir le mémorial du Vel d'Hiv mais aussi le manège du Trocadéro, qui, durant l'occupation allemande était interdit aux juifs.


Photo manège non contractuelle

Mémorial du Vel d'Hiv
*
(Photos personnelles)

Poème

l'affiche rouge
L'affiche rouge:
Affiche de la propagande germano-vichyste
contre la résistance.
Ces résistants dont Missak Manouchian
seront fusillés le 21 février 1944
Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos Morts pour la France
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Louis Aragon

Interview de M.Marcel Suillerot