1. Les camps dans l’économie de guerre nazie
A partir de la guerre en 1939, la population concentrationnaire s'internationalise tout en gardant un système identique. Plus tard en 1942, la main d'œuvre manque à l'Allemagne alors que l'effort de guerre s'intensifie. Le service économique du Reich décide d'utiliser la main d'œuvre concentrationnaire à des fins plus rentables, voire nécessaire. Ainsi, les formes de travail répressif se poursuivent parallèlement jusqu'à la fin de l'existence des camps en 1945. Le besoin économique devient le centre de gravité du système concentrationnaire, le règlement mis au point précise que l'exploitation doit être épuisante, que la durée du travail est illimitée, qu'il est nécessaire de réduire un strict minimum les temps de non travail: appels, repas, marches... Les conditions de travail au sein des camps de concentration nazis sont à la fois uniformes et infiniment divers : «Quand on parle d’un camp, il ne suffit pas d’en donner le nom... il ne suffit pas de donner les dates : les détenus vivaient sur des planètes différentes selon le travail qu’ils devaient faire.» (Benedikt Kautsky, cité par Hermann Langbein dans Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1975.)
A mesure que le camp se développe, nous retrouvons l'idée de division du travail dans la masse de déportés afin d'obtenir un profit pour important dans un délai plus court. Les camps de concentration sont un lieu de productivité, source de profit. Ils deviennent des usines utilisant l’homme comme objet, matière première et esclave. La SS emploi la main d’œuvre pour construire les camps, pour l’administration ainsi que pour les industries SS spécialisées dans les produits de type primaire (bois, charbon, produits alimentaires, ciment) qui demande un investissement minimal. Pour les Nazis, le travail manuel forcé est un moyen pour punir, mais aussi et surtout pour «rééduquer». La réalité exige une organisation nouvelle nécessitant l’utilisation du travail des détenus pour les tâches quotidiennes. La force de travail des déportés est utilisée jusqu’à l’extrême limite des forces humaines. Dans une grande perversité, en mourant au travail, le déporté contribue à renforcer le Reich allemand en termes de récupération. Chaque victime est un plus pour l'économie allemande, en faisait leur «bonheur».
A mesure que le camp se développe, nous retrouvons l'idée de division du travail dans la masse de déportés afin d'obtenir un profit pour important dans un délai plus court. Les camps de concentration sont un lieu de productivité, source de profit. Ils deviennent des usines utilisant l’homme comme objet, matière première et esclave. La SS emploi la main d’œuvre pour construire les camps, pour l’administration ainsi que pour les industries SS spécialisées dans les produits de type primaire (bois, charbon, produits alimentaires, ciment) qui demande un investissement minimal. Pour les Nazis, le travail manuel forcé est un moyen pour punir, mais aussi et surtout pour «rééduquer». La réalité exige une organisation nouvelle nécessitant l’utilisation du travail des détenus pour les tâches quotidiennes. La force de travail des déportés est utilisée jusqu’à l’extrême limite des forces humaines. Dans une grande perversité, en mourant au travail, le déporté contribue à renforcer le Reich allemand en termes de récupération. Chaque victime est un plus pour l'économie allemande, en faisait leur «bonheur».
Le commandant du camp peut rendre le travail illimité, réduire les temps de repos et supprimer tout ce qui peut nuire au rendement. Mais le principe économique ne gère pas tout. Les SS tentent d’attirer les capitaux privés dès 1935 en utilisant la main d’œuvre , mais c’est la guerre qui va accélérer le processus. La SS dispose de ses propres entreprises, du secteur d'activité primaire qui nécessite peu d'investissement tel que les cimenteries, les carrières, la production de bois, voir de produits alimentaires. Avec un taux de mortalité très élevé pour la main d'œuvre, les qualifications nécessaires à des productions industrielles ne sont donc pas acquises. Résultant à un savoir faire très faible de la part de la main d'œuvre. A Sobibor, Himmler doit renoncer à son projet d’usine de démontage et de recyclage des munitions ennemis. Les SS ne réussirent jamais à constituer un empire industriel. D’ailleurs, c’est cet échec qui aboutit à se concentrer sur Auschwitz. Par exemple: Si l’on prend le cas de ce camp, toute la grande industrie allemande est présente. Krupp, Siemens, Union, Deutsche Ausrüsungswerke, IG Farbenindustrie utilisent la main d’œuvre concentrationnaire du camp. A Buna IG Farben industrie paye aux SS 6 marks par jour pour un ouvrier qualifié et 4 pour un ouvrier non qualifié. Mais la grande réussite reste l’installation de l’usine Buna IV d’IG-Farben à Auschwitz. L’idée était autant d’utiliser les détenus que d’industrialiser les espaces conquis à l'est. Il y a de l’eau, du charbon, de la chaux, des voies de communication et des détenus à mettre dans les mines et les usines. Auschwitz devient un complexe industriel qui intègre des cités ouvrières allemandes (les civils polonais ont été chassés), une usine et un camp fournissant les détenus. Dans tous les camps, les détenus étaient encadrés par des centaines d’ingénieurs, contremaitres et ouvriers allemands. Seule la productivité intéresse les industriels. Les conditions de vie, les crématoires, les chambres à gaz ne les concernent pas.
2. Industrialisation de la mort : des objectifs de rentabilité maximale
Dès l’hiver 1933, dans les premiers camps de concentration, le travail forcé, souvent inutile et humiliant, est imposé. En 1942, l’utilisation du travail forcé est systématique à l’intérieur et à l’extérieur des camps. De tout temps, un détenu est considéré comme propriété privée de la SS : tout objet qu'il possède lui est enlevé, ces forces physiques sont exploités au profit de la SS y compris la construction des camps de concentration, ces connaissances professionnels sont utilisées, à l'occasion, par les dirigeant SS des camps qui s'en attribue les fruits, sa santé est exploitée au cours des expériences pseudo-médicales au profit de l'armée allemande, des firmes pharmaceutiques ou de la SS directement.Par exemple, il existe une chambre spéciale dans laquelle on loge les survivants des chambre a gaz afin d'étudier sur eux les lésions produites par les essaient de nouveaux gaz.
Les expériences médicales sont également sources de profit pour les SS. Dans certains camps ont lieu des expériences "médicales". Les chirurgiens (ou les S.S) peuvent pratiquer la vivisection, les greffes d'organes, l'inoculation expérimentale de maladie comme la paludisme ou le typhus, qui permet de faire l'essai de nouveaux vaccins. Les usines de produits chimiques achètent des déportés pour étudier l'effet de leur gaz ou de leurs poisons. Les usines aéronautiques étudient les phénomènes de décompression. Des femmes sont stérilisées ou inséminées artificiellement. Les détenus deviennent alors des cobayes humains sur lesquels des expériences médicales sont réalisées. Elles le sont non seulement sur ordre des S.S mais aussi à la demande des armées (Wehrmarch, Luftwaffe, Krigsmarine). A Dachau, 200 détenus sont soumis aux expériences du docteur Rascher portant sur les effets de la haute altitude. Des expériences sur le froid et la malaria sont également menées. A Buchenwald, ce sont des expériences sur le typhus, au Struthof sur les gaz, à Ravensbück sur la gangrène. Des entreprises privées participent elles aussi à ces expériences. Par exemple, Bayer achète, pour 170 marks chacune, 150 femmes au commandant d'Auschwitz. Pas une n'a survécu.
Photos prisent par le médecin SS au cours des expériences sur le comportement à haute altitude |
Dans certains camps, spécialement dans les camps réservés aux israélites les cadavres sont exploités avec système : les dents en or sont arrachés, expédiés à la Reichbank, les cheveux des femmes sont fournis à l'industrie, les cendres à l'agriculture. On emploie les cendres comme engrais. Le tout est vendu, loué par la SS contre argent. De plus, épuisé par le travail, anéanti pas les expériences médicales ou gazés, les déportés restent utiles au système concentrationnaire. Les vêtements, les lunettes, les chaussures, tous les objets personnels sont récupérés. Les cheveux permettent à des firmes de fonctionner. 60 tonnes de cheveux seront ainsi fournis par le seul camp d'Auschwitz. Pour fabriquer du savon, un institut s’intéresse à la graisse humaine. A la sortie des fours crématoires des os calcinés sont broyés et vendus comme engrais. Les alliances, les bijoux, l'or dentaire représentent aussi une source de profit considérable pour la SS. La récupération prenait également en compte la récupération des peaux tatouées afin de la transformer en abat-jour ou en reliures.
Récupération des lunettes dans les camps |
A Auschwitz, des dizaines de milliers de Juifs sont employés dans l’usine de caoutchouc synthétique de Buna. De même dans le ghetto de Lodz, les nazis installèrent 96 usines et ateliers. Parfois, le travail forcé est devenu une chance de survie. En d’autres termes, certaines catégories de prisonniers sont condamnées à mort par épuisement.
Le coût économique de la main d’œuvre (d’après ISBM. 3-87490-529-2. Catalogue 1979. Comité internationale à Dachau. Extrait de documents trouvés au secrétariat SS à Dachau)
- location journalière pour le travail 6,00 reichmark Prix de revient
- nourriture quotidienne 0,60 0,60
- amortissement des vêtements 0,10 0,10
- amortissement des installations p.m
Reste 5,30 0,70
Durée probable de survie
9 mois soit 270 jours* à 5,30 RM. 1431,00
0,70 × 270 190 RM.
Récupération éventuelle des cadavres:
1. Dents en or
2. Vêtements à l’arrivée
3. Hardes
4. Argent à l’arrivée du camps
Déduire 2 RM. Pour frais de crémation 200,00 RM.
Bénéfice au terme de 9 mois 1631,00 -190,00
Non compris l’utilisation des os et des cendres 1440 RM.
*D'après ce document, on peut constater que la durée probable de survie s'élevait à 9 mois soit 270 jours.
3. Pour le détenu, le travail rime avec «mort lente»
Dans la majorité des camps situés à l'est de l’Europe, il n’y a aucune sélection à l’arrivée des trains. Mais à tous moments les prisonniers sont susceptibles d’être envoyés à une mort par gaz ou faire l’objet d’expériences. Dès leur première arrivé dans les camps de concentration, après une nuit blanche, les détenus sont mis au travail. Les survivants des premières sélection entrent dans une mort « programmée ». Le détenu est soumis à un travail exterminateur dans un vaste espace clos où le moindre sentiment de compassion est exclu. Ils travaillent au camps en attendant leur exécution. Face au dilemme de rendement et d’élimination, les nazis tranchent par une solution simple. L’extermination par le travail. Au deuxième trimestre 1942 sur 95.000 détenus, 57.603 périssent, soit 60% en trois mois. Même quand les juifs sont mis «au travail», les Allemands sous-utilisent leurs capacités de production. En effet, ils les ont arrachés à leurs milieux de travail habituels ainsi qu'à leurs équipements pour les envoyer dans des lieux non équipés, si bien que, très souvent, ils travaillent sur du matériel primitif ou en très mauvais état. De plus, les tâches sont consacrées sans considération des qualifications des juifs.
Le travail des juifs a une dimension de «punition», sans compter les nombreuses violences qu'ils subissent. Ils ne sont physiquement pas aptes à travailler à cause des traitements infligés par les allemands, sous une cadence inhumaine, et insupportable. Ils sont sous-alimentés et leurs conditions d'hygiène deviennent catastrophiques résultant à un état de santé médiocre pour les prisonniers juifs.
Le «travail» des Juifs est caractérisé par son issue mortelle. Lorsqu'ils ne meurent ni de faim, ni d'épuisement, non plus de maladies, ils sont tués par les Allemands avant que leurs états physiques de deviennent critiques. Les travailleurs juifs marchent vers leur mort. Les Allemands les exploitent pour en tirer une certaine production et différentes satisfactions psychologiques dérivées. Toutes infractions imaginaires ou réelles (contre l’ordre inhumain du camp) sont une occasion de tuer les Juifs. Même si cela ne fut absolument pas vrai tout le temps ni à tous les points de vue, le « travail » des Juifs est différent de celui des non juifs soumis eux aussi au travail forcé.
Nous observons ici que les détenus jouent un rôle majeur dans l'économie nazie. Leurs corps et leurs compétences sont exploités de leur vivant jusqu'à leur mort. Après leur mort, l’industrialisation des corps continue, avec la récupération de tous ce qui est utile pour être source de profit. Le camp augmente consciemment et inconsciemment la misère des déportés, les dirige vers l’anéantissement.
NORDHAUSEN |
Nous observons ici que les détenus jouent un rôle majeur dans l'économie nazie. Leurs corps et leurs compétences sont exploités de leur vivant jusqu'à leur mort. Après leur mort, l’industrialisation des corps continue, avec la récupération de tous ce qui est utile pour être source de profit. Le camp augmente consciemment et inconsciemment la misère des déportés, les dirige vers l’anéantissement.